par Aline de Diéguez
XIII - Et les Kazars entrèrent dans
l'histoire …
" La chose la plus difficile au monde est de suivre à la
trace n'importe quelle idée jusqu'à sa source.
" ( Edward Mandell HOUSE )
1 - Un tremblement de terre géopolitique
2 - Petit rappel démographique
3 - Pourquoi les Juifs se sont détournés de la Palestine entre le IVe et le XXe siècle
4 - La Palestine avant le sionisme
5 - Les vagues migratoires successives à partir de la naissance du mouvement sioniste 6 - Et les Kazars entrèrent dans l'histoire
7 - Comment le Talmud devint le fil d'Ariane qui conduisit au sionisme
1- Un tremblement de terre géopolitique

Impossible de ne pas voir que la
transplantation en plein cœur d'un monde majoritairement arabo-musulman d'une
population hétérogène, aussi bien ethniquement que sociologiquement, demeure le
pivot autour duquel tourne l'histoire du monde depuis le milieu du XXe siècle.
Unis par un contenu commun
des cervelles remplies à ras bords de mythes et de songes élaborés en des temps
lointains durant lesquels chaque ethnie se plaçait sous la protection de sa
divinité personnelle, des groupes d'immigrants fanatisés issus des quatre coins
de la machine ronde, mais se réclamant néanmoins d'ancêtres communs, et soutenus
par des Etats aveugles aux conséquences géopolitiques de leurs décisions, se
sont déversés en vagues successives sur un territoire déjà abondamment
peuplé.
Un tremblement de terre
géopolitique d'une intensité telle en est résulté que les répliques qui
affectent la politique internationale n'ont plus cessé depuis lors d'ébranler
non seulement tous les Etats du bassin de la Méditerranée, mais la
quasi-totalité de la planète. En effet, ces humains-là se déclarent eux-mêmes si
profondément différents et si allogènes au reste de l'humanité, qu'ils éprouvent
un besoin incoercible de ne vivre qu'entre eux et de chasser du territoire
qu'ils ont investi les représentants d'autres variétés d'humains lorsqu'ils sont
les plus nombreux - et donc, détiennent le pouvoir. Ils refusent vigoureusement
toute forme d'assimilation au groupe chez lequel ils se sont installés
lorsqu'ils sont minoritaires, tout en exigeant haut et fort de bénéficier des
droits universels des sociétés-hôtes.
Comme
l'écrit François Fejtö, écrivain juif hongrois, dans son ouvrage Dieu et son Juif : " Ce n'est pas l'antisémitisme qui a crée le Juif. A l'origine se
trouve le Juif, peuple élu, prototype des nations nationalistes, expansives,
xénophobes, intransigeantes et dont l'orgueil, l'auto-affirmation fervente ont
survécu aux désastres de l'Etat et se prolongent à travers les siècles d'exil
jusqu'à la résurgence sioniste et à la naissance d'Israël ." (Ed. Grasset 1960, p.32)
Voir - 12 - Petite généalogie du ghetto appelé Israël, 29 juin 2012
2 - Petit rappel démographique

La destruction de Jérusalem et de
son temple par les légions romaines avait porté un coup très rude à la présence
juive en Palestine. La Judée était dépeuplée, mais d'innombrables et prospères
communautés juives étaient présentes dans toutes les provinces et les villes de
l'empire romain et notamment en son centre, à Rome.
Durant deux millénaires, les communautés juives ont donc
prospéré dans la quasi totalité des pays d'Europe occidentale et orientale,
ainsi que dans toutes les provinces du bassin de la Méditerranée… sauf en
Palestine. La Palestine est le seul endroit de la terre que les Juifs boudaient.
Jacques Attali nous en donnera la raison ci-dessous.
En effet,
depuis le règne de l'empereur Julien, dit l'Apostat, les Juifs s'étaient
détournés de la Palestine et n'avaient plus le moindre désir d'y retourner
Cependant, une faible présence juive s'était malgré tout maintenue dans la
région depuis l'antiquité. Il semble que cette catégorie, connue sous le nom de
Yichouf ancien, ne
représente pratiquement plus personne aujourd'hui. Les démographes de l'actuel
Etat hébreu n'ont trouvé qu'une seule famille, les
Zinati de Pek'in, qui aurait résidé en Palestine sans
aucune interruption depuis l'antiquité.

Juifs de l'ancien Yichouv, Jérusalem 1895
Jusqu'en 1880, c'est-à-dire jusqu'à
la naissance du sionisme, seuls de petits groupes d'étude et de prières, en
général sépharades et plutôt pauvres, étaient installés à Tibériade, Safed,
Jérusalem ou Hébron et vivaient misérablement de l'argent envoyé par les Juifs
de l'étranger. A partir du XVe siècle, quelques communautés exclusivement
religieuses composées de groupes expulsés d'Espagne et du Portugal s'étaient
également installées en Palestine. Hier comme aujourd'hui, leurs prières étaient
censées hâter la venue du Messie et le soutien financier des juifs de la
dispersion représentait une sorte de placement commercial dans un système
d'échange gagnant gagnant, puisqu'il était prévu que le Messie attendu
rétablirait le mythique royaume de David, d'autant plus glorieux qu'il n'a
jamais existé que dans l'imagination des rédacteurs de la fiction sacrée. Ce
royaume à venir comblerait les Juifs de toutes les richesses de la planète.
A partir
du moment où, vers le VIIIe siècle, les Etats européens se sont constitués peu à
peu en nations régies par la doctrine et la morale du catholicisme, les
communautés juives, qui niaient la divinité du Christ, se sont trouvées en
situation d'ennemis de l'ordre social né du triomphe de l'Eglise catholique, c'est-à-dire universelle,
face à l'étroit particularisme juif.
Mais cette situation de paria
social n'avait pas que des inconvénients. Elle produisit des conséquences
particulièrement favorables aux Juifs sur le plan économique. En effet, comme je
l'ai développé dans le texte précédent les communautés dispersées, unies par un
lien religieux puissant et des règles sociales impérieuses, demeuraient en
rapports constants avec un centre, dirigé par un exilarque (gaon) dont le lieu
de résidence a varié selon l'influence exercée par ce groupe humain dans telle
ou telle région du monde. Après avoir été localisé en Babylonie jusqu'à la
naissance de l'islam, le centre s'est déplacé en Espagne, puis en Pologne.
Voir - 12 - Petite généalogie du ghetto appelé Israël, 29 juin2012
Devenus
d'habiles commerçants dans la prospère province mésopotamienne, leur dispersion,
l'unité politique et la solidarité tribale des fidèles du dieu Jahvé leur
offrirent d'excellentes opportunités d'échanges de marchandises de pays à pays.
Ce commerce d'importation et d'exportation particulièrement lucratif, permit à
quelques-uns d'amasser les richesses considérables. L'historien juif de
l'antisémitisme, Bernard Lazare, nous apprend qu'avant de diversifier leurs activités, les
commerçants jufs s'étaient spécialisés dans la vente d'esclaves . (L'Antisémitisme, chapitre V)
Petit à
petit, ils se sont spécialisés dans l'usure et le commerce de l'or. Mais ils
n'étaient ni les seuls, ni les premiers à êtres fascinés par le métal jaune. On
connaît la cupidité des feneratores romains auxquels la loi des Douze Tables reconnaissait le droit
de couper des morceaux de chair sur le corps vivant de l'emprunteur insolvable;
les Lombards ont été des usuriers voraces, l'or fut la principale motivation de
la conquête de l'Amérique, l'avidité des colons hollandais ou anglais est
célèbre et les alchimistes s'épuisaient à essayer de fabriquer de l'or à partir
de métaux grossiers. Au Moyen Age, l'or était devenu une véritable divinité...et
il l'est resté.
Interdisant le prêt à intérêt et à plus forte raison l'usure,
l'Eglise a empêché la formation d'un capitalisme chrétien. Ses interdits
n'avaient évidemment aucune prise sur les Juifs qui faisaient commerce de
l'argent et qui occupèrent tout naturellement la place laissée vacante par les
riches bourgeois chrétiens. Ils se sont donc rendus utiles au développement du
commerce et odieux par les abus que leur pouvoir a engendré. C'est ainsi qu'ils
sont devenus progressivement les banquiers du monde.
|
Aux causes
sociologiques et politico-économiques mises en avant par l'historien du
judaïsme, Jacques Attali
ajoute des arguments théologico-étymologiques. Dans son ouvrage Les Juifs, le monde et l'argent il
analyse longuement les relations étroites entre la religion juive et le commerce
à partir de l'étymologie du vocabulaire: "L'argent
substitut du sang : on asperge l'autel avec le sang de l'animal sacrifié, acheté
avec l'argent de celui qui offre le sacrifice. (p.40,
souligné par l'auteur) (…) Le peuple juif fait de
la monnaie l'instrument unique et universel d'échange, tout comme il fait de son
Dieu l'instrument unique et universel de la transcendance." (p.41)
Et notre
Attali ajoute, en point d'orgue: "La valeur en argent
de chaque chose est indissociable de sa valeur éthique." (p.42 )
Il en résulte
qu'un lingot d'or est infiniment plus éthique qu'une miche de pain et que la
famille Rothschild, M. Jacob Schiff , M. John Pierpont Morgan , M. Paul Warburg
et tous leurs acolytes et complices qui sont parvenus à mettre la main sur le
système financier américain au moyen de grandes et de petites manœuvres
politiciennes et grâce à l'invention de leur monnaie privée - le dollar - sont
les humains les plus moraux de la création. La fin justifie les moyens et seule
la victoire est jolie. Toujours est-il qu'aujourd'hui, ils sont en mesure de
manifester aux yeux du monde entier tout l'éclat de leur éthique en tapissant de
lingots d'or les murs de leurs banques et de leurs logis.
- Aux sources de l'escroquerie de la Réserve Fédérale - Le machiavélisme des hécatonchires de la finance internationale , 17 avril 2008
La
naissance de la Fed (Federal Reserve System) a permis non seulement un
enrichissement exponentiel des heureux propriétaires de ces institutions
bancaires privées, mais elle témoignait de la sollicitude de Jahvé envers des
spécimens particulièrement "pieux" de son "peuple élu". Et M. Attali explique
complaisamment que "pour un juif, la pauvreté est
intolérable." C'est pourquoi, "pour les Juifs, tirer un intérêt de l'argent n'est pas immoral.
(…) L'argent est, comme le bétail, une richesse fertile, et le temps est un
espace à valoriser. Pour les chrétiens, au contraire, comme pour Aristote et les
Grecs, l'argent - comme le temps - ne produit pas en soi-même de richesse, il
est stérile ; aussi faire commerce de l'argent est-il un péché
mortel. " (p. 120)
Il se
délecte à énumérer quelques belles réussites financières: "Peu de gens savent que l'agence Havas et l'agence Reuter au XIXe
siècle sont des créations juives, au même titre que la Deutsche Bank, Paribas ou
les principales banques d'affaires américaines. Et encore bien d'autres destins
fascinants en France, en Allemagne ou en Russie."
Le même
ancien conseiller spécial du Président François Mitterrand fournit la clé qui
ouvre la porte de ces cavernes d'Ali Baba: "Comme les
prêts sont de très courte durée - un an ou moins - et à des taux d'intérêt très
élevés, de l'ordre de 50 à 80%, l'accumulation va très vite".
Le Président François Mitterrand et Jacques Attali
Mais le
monde est très méchant, alors notre hagiographe de la haute finance est
brusquement saisi par un doute. Il s'inquiète de voir "les Juifs prendre le risque d'être haïs pour services
rendus", alors que "les Juifs ont toutes les raisons d'être fiers de cette partie de
leur histoire". [1]
D'ailleurs dans la section de son ouvrage consacrée au commerce,
notre faux naïf et ancien directeur de la BERD (Banque européenne pour la
reconstruction et le développement) à la tête de laquelle il a été remercié en
raison d'un train de vie pharaonique, ajoute une forte sentence, qui aurait enchanté Alice en son pays
des merveilles: "Le commerce n'est pas le
résultat d'un calcul de bénéfice, mais la juxtaposition de deux dons
équivalents, la simultanéité de deux actes
généreux, unilatéraux, où chacun des deux protagonistes est en situation
d'égalité."(p.42) (Cette fois, c'est moi qui souligne)
Le marché
simoniaque se poursuit de nos jours puisqu'une forte minorité de 20% de juifs
ultra orthodoxes passent leur vie à étudier le Talmud et à prier afin d'accélérer
l'arrivée d'un Messie pourvoyeur de munificences, tout en étant entretenus par
de riches membres de la communauté, notamment américaine, qui ont, comme il se
doit et conformément aux principes énoncés par le théoricien du judaïsme
financier cité ci-dessus, acquis leur fortune grâce à la "générosité" dont ils
font preuve à l'égard de l'humanité dans l'activité bancaire à laquelle ils
s'adonnent si brillamment et espèrent un "retour sur investissement" à la
hauteur de leur éthique.
Et voilà pourquoi il y eut si
peu de candidats durant deux mille ans pour peupler, entretenir et cultiver à la
sueur de leur front la terre "promise" par le Dieu Jahvé à son "peuple" bien-aimé, lequel a snobé son
cadeau pendant près de deux millénaires, avant de se raviser à la fin du XIXe
siècle. Il s'est alors engouffré dans le grand mouvement de colonisation des
Etats européens en direction de l'Afrique et de l'Asie.
Lorsque les populations autochtones
de Galiléens honnis, de Cananéens détestés, de Samaritains méprisés et d'autres
sous-hommes, tous qualifiés péjorativement d' "arabes", eurent, durant deux
mille ans d'un labeur acharné, transformé une Palestine plutôt aride en un
jardin florissant et en une serre prospère, le mouvement sioniste des marches de
l'Asie s'est souvenu de sa "terre promise".
Il a
refusé avec horreur d'aller défricher l'Ouganda ou la Patagonie, comme certains
naïfs le lui proposaient. La Thora d'une main et le Talmud de l'autre, il s'est rué sur le lopin qu'il avait sporadiquement
et partiellement habité deux millénaires auparavant. Réitérant le vol accompli
lors de sa première installation dans une région déjà hautement peuplée et
civilisée, il a fait main basse pour la seconde fois sur les propriétés et les
richesses des "indigènes" et s'est auto-justifié de ses rapines en brandissant
les écrits rédigés in illo tempore par des notables religieux en Babylonie.
|
Voir : VI - Le messianisme biblique à l'assaut de la Palestine
Les
images sont souvent plus plus parlantes qu'un long discours. Quelques documents
particulièrement représentatifs datant du temps de la Palestine heureuse suffisent à anéantir
l'affirmation cynique des sionistes qui prétendaient que la Palestine était une
"terre sans peuple" - donc
vide depuis deux mille ans - qui attendait un "peuple
sans terre" , lequel aurait réfléchi durant deux
mille ans avant de se mettre en route. Ces clichés d'un temps paisible et
heureux crèveront le coeur de tous ceux qui sont aujourd'hui sensibles à
l'irréparable injustice dont le peuple palestinien est la victime
innocente.


Brodeuses palestiniennes, Ramallah 1940 (à gauche) 1920 (à
droite)


Classe de fillettes, Palestine, Ramallah,
1890 Classe de fillettes, Palestine, XXIe
siècle

Port
de Jaffa, 1914
L'immigration de masse n'a vraiment commencé qu'à partir de 1880
avec la première colonie fondée par les Amants de
Sion. Cette fois, il s'agissait de juifs originaires
d'Europe de l'Est en majorité, ainsi que de quelques groupes de juifs askhenazes
allemands.
En 1885, le nombre de résidents auto-déclarés "juifs" en
Palestine était de 24 000.
En 1914 leur nombre se montait à 85
000 personnes sur une population totale de 725 000 habitants: soit 12 % de
l'ensemble.
Dès
l'origine, l'expropriation des Palestiniens s'est installée quasi naturellement.
En effet, de riches banquiers comme les barons Edmond
de Rothschild et Maurice de
Hirsch ont ouvert largement les vannes financières
afin d'acheter des terres à n'importe que prix.


Baron
Edmond de Rothschild Baron Maurice de Hirsch
La
"Jewish Colonization Association" fondée dès 1891 est à l'origine des
premières colonies juives agricoles et son activité ne fera que croître au fil
du temps.

Il faut
reconnaître que les "arabes" de Palestine et des Etats environnants ont
manifesté un aveuglement et une passivité révélateurs de ce total manque de sens
politique dont continuent de faire preuve tous les dirigeants de la région,
notamment ceux de la mal nommée "Autorité
palestinienne" qui, de l'Arafat signataire des
calamiteux "Accords d'Oslo"
à Mahmoud Abbas, l'actuel complaisant collaborateur du Jüdenrat de Cisjordanie, ont conduit les
Palestiniens dans un gouffre dont ils auront le plus grand mal à sortir - s'ils
en sortent un jour. Les
actuels dirigeants du Hamas à Gaza semblent tentés à leur tour par les délices à
courte vue de la collaboration. Les héros sont fatigués. [2] Les dirigeants palestiniens pelotonnés sous l'aile de l'occupant
seraient bien inspirés de méditer sur le sort de Chaim Rumkowski, le "Président" du ghetto de Lodz, dont
Primo Levi raconte l'histoire édifiante dans son ouvrage Les naufragés et les rescapés.
Voir:
8 - La zone grise. Israël et la Palestine sous le regard de Primo
Levi et de Kafka, 4 juin
2007
En effet,
le sionisme n'a rencontré pratiquement aucune résistance de la part des
Palestiniens ni même de l'ensemble des Arabes de la région. Comme l'écrit le
chercheur égyptien, Mounir Mahmoud, spécialiste de la presse sioniste au sein du Centre d'études politiques et stratégiques : "Les décisions émotionnelles
irréfléchies des Arabes ont contribué à la réussite des projets sionistes en
Palestine pendant près de cinquante années, avant même la création de l'entité
sioniste, avec le prétendu "Yichouv " qui signifie l'implantation juive en
Palestine."
Cette passivité des Palestiniens
s'explique par une totale absence de racisme anti-juif. Les Palestiniens
n'avaient pas compris qu'ils n'avaient plus en face d'eux des juifs,
c'est-à-dire des hommes normaux qui honoraient simplement leur dieu d'une autre
manière qu'eux-mêmes et avec lesquels ils avaient cohabité tranquillement
jusqu'alors, mais une autre catégorie humaine, composée de colons fanatiques et
impérialistes pour lesquels tout "arabe" palestinien était un ennemi à chasser
ou à tuer.
C'est
pourquoi notre anthropologue égyptien précise que "les Juifs qui vivaient dans les pays musulmans jouissaient d'une
vie tranquille et stable, avec une liberté religieuse totale sans persécutions,
et étaient investis dans les sociétés islamiques tolérantes pendant des
centaines d'années jusqu'à l'époque moderne." [3]
Cette
naïveté des Palestiniens trouve son expression dans la Charte de l'OLP (Organisation de
Libération de la Palestine) qui, dans son article
6, prévoie candidement que "les Juifs qui demeuraient en Palestine jusqu'au début de l'invasion
sioniste, seront considérés comme Palestiniens".
Les Palestiniens ont été bien mal récompensés de leur
générosité. Les sionistes qui ont eu connaissance de cet article ont dû être
secoués d'un rire à se décrocher la mâchoire devant une telle ignorance de leur
psychologie, de leur projet secret et de leur mentalité messianique de colons.

Jahvé s'était installé dans l'exil
durant dix-sept siècles et le Dieu local d'une écharpe de terre du bassin
oriental de la Méditerranée était devenu une divinité itinérante qui avait
pérégriné durant deux millénaires dans le monde entier au gré des déplacements
de ses fidèles.
Or, ses fidèles avaient la
bougeotte. Tout en le refusant et en le combattant de toutes ses forces, Jahvé
avait collé aux talons du Dieu Jésus. Malgré l'inimitié réciproque que les
partisans des deux divinités se manifestaient, ses fidèles s'étaient
immédiatement installés dans les régions progressivement converties au nouveau
Dieu trinitaire. C'est ainsi qu'à la fin du premier millénaire, et alors que le
Dieu Jésus régnait en maître sur toute l'Europe occidentale - Jahvé ne l'avait
précédé qu'en Espagne - ses fidèles s'étaient attachés aux pas des chrétiens et
on les trouvait en France, en Allemagne et jusqu'en Europe centrale, notamment
en Bohême et en Pologne.
C'est là que s'était produit
l'évènement extraordinaire qui permit au judaïsme de gonfler brusquement sa
population, et donc de survivre jusqu'à nos jours en tant que groupe humain
spécifique .
En effet, loin
de s'épuiser au fur et à mesure qu'il s'éloignait de son camp de base judéen et
qu'il expédiait tous azimuts des petits groupes d'éclaireurs, Jahvé avait offert
à ses fidèles éberlués la surprise et le cadeau sans prix de découvrir que dans
les plaines orientales de l'Europe et jusqu'aux confins de l'Asie vivait une
immense population de co-religionnaires dont personne ni en Orient, ni en
Occident n'avait entendu parler.

L'empire Kazar au
moment de sa conversion à la religion du Dieu Jahvé
C'est
ainsi que les Kazars judaïsés étaient entrés dans l'histoire. Ils entrèrent dans l'histoire locale par la force des choses,
puisqu'ils étaient là. Mais ils ne sont jamais entrés dans la narration
officielle car leur existence même contredit le mythe sur lequel se fondent les
revendications des colons installés en Palestine. C'est pourquoi la narration
mythologique qui tient lieu d'histoire dans l'Etat né en 1947 continue de
refuser officiellement leur existence et une filiation dont leurs descendants
semblent avoir honte.
La simple
présentation du tableau d'une biographie succincte de tous les Premiers Ministres qui se sont
succédés depuis qu'un vote de l'Assemblée générale de l'ONU en date du le 27
novembre 1947 a crucifié les Palestiniens, permet de comprendre au premier coup
d'œil pourquoi je dirigerao mes pas en direction des marches de l'Asie plutôt
que vers les rives qui auraient semblé plus accueillantes et plus logiques des
bords de la Méditerranée, ou vers les paysages verdoyants et cléments de notre
Europe occidentale qui ont connu, elles aussi, d'importantes et puissantes
implantations juives au cours des siècles.
On sait,
en effet, que toutes les grandes vagues migratoires se sont toujours déroulées
d'est en ouest. La mythologie judaïque ne s'y est pas trompée, puisque les
communautés de nos régions se proclament les descendantes légitimes d'ancêtres
"chassés" de la province de
Judée par les armées victorieuses de Vespasien et de Titus lors de la deuxième
Guerre des Juifs en l'an 70
et qui auraient été "contraints" de se réfugier en direction de l'Occident.
Il est
vrai que des groupes ont suivi les conquêtes chrétiennes et musulmanes en
direction de l'Ouest européen et méditerranéen, comme je l'ai montré ci-dessus.
Mais il s'agit d'une minorité par rapport à l'immense population juive qui
résidait déjà en Europe de l'Est et avec laquelle les petits groupes venus de
l'ouest ont établi une jonction. Aucun des premiers ministres qui ont dirigé
l'Etat créé en 1947 en terre palestinienne ne peut exciper de racines méditerranéennes ou occidentales
susceptibles de donner une apparence de crédit à cette prétention. Tous, sans exception aucune, sont issus
des régions talmudiques de l'Orient européen ou des marches de l'Asie. Il en est
de même pour l'immense majorité des immigrants venus s'y installer. Ce fait
n'est évidemment pas le fruit du hasard.
Il est hautement significatif et
presque comique de voir à quel point cette réalité historique est occultée,
quand elle n'est pas farouchement niée par les autorités officielles de l'actuel
Etat d'Israël, qui, depuis David Grün, alias Ben Gourion, s'échinent à refuser
la vérité historique et à imposer une narration mythologico-théologique de leur
passé et de leur présent.
voir : 20 - David Grün, alias Ben Gourion, et la naissance de l'"Etat juif", 22 mars 2011
|
Pour
comprendre qui sont réellement ces dirigeants originaires de l'Est et imbibés
jusqu'à la moelle de messianisme sioniste, il est précieux de jeter un regard
sur les circonstances historiques qui ont conduit les communautés juives
d'Europe occidentale d'abord, puis orientale, au fil des déplacements et des
conversions, à ériger le Talmud en rempart mental infranchissable derrière lequel elles se sont
enfermées à double tour.
Le triomphe du talmudisme notamment dans les communautés juives
de l'Europe de l'Est largement composées de descendants de Kazars ignorants et
frustes, constituait, pour les rabbins et autres notables du judaïsme, une
manière d'unifier les esprits, de sauvegarder et de bétonner une identité
nationale autonome face à un christianisme qui régnait alors en maître dans
l'Europe occidentale tout entière et qui modelait les sociétés des différents
Etats. Dans un environnement social et politique chrétiens, les Juifs
représentaient un groupe allogène, qui refusait catégoriquement de s'assimiler.
Comment l'auraient-ils pu sans renier leur religion?
Mais les conséquences de cet isolement social étaient
prévisibles. Les sociétés humaines, tout comme les sociétés animales, sont
spontanément hostiles aux intrus et s'emploient à les rejeter avec plus ou moins
de brutalité, en fonction du tempérament national et du degré de civilité des
autorités politiques, si bien que des persécutions, parfois très violentes, ne
manquèrent pas de se produire au fil des siècles dans de nombreux pays. Dans les
sociétés intolérantes, comme le furent longtemps les Etats chrétiens, les motifs
religieux officiellement brandis cachaient fréquemment, en réalité, des causes
financières et économiques. Leurs victimes en voulaient aux prêteurs abusifs ou
à aux usuriers, mais une fois déchaînée, la violence populaire ne faisait pas de
quartier et s'en prenait également à la foule des besogneux innocents pour la
simple raison qu'ils participaient à cette communauté et qu'ils étaient là.
A une situation politique et
sociale qui leur fut très défavorable durant les siècles régis par un
christianisme triomphant, donc arrogant, qui les tolérait du bout des lèvres,
les notables des communautés juives répondirent par le renforcement de
l'auto-exclusion, laquelle renforça à son tour l'animosité des sociétés-hôtes.
La spirale était enclenchée car toutes les sociétés modelées par la religion
aspirent à l'unité des cerveaux.
D'ailleurs l'actuel Etat créé en 1947 en Palestine en est un
exemple particulièrement éloquent. Les moyens d'information du monde
contemporain et la diffusion des images ne lui permettent plus de se comporter
avec la brutalité qui fut celle des sociétés plus anciennes à l'égard des
populations autochtones, bien que l'indulgence dont il a été l'objet durant des
décennies lui a permis de procéder à des centaines de milliers d'expulsions - la
nakba - de raser des
milliers de villages, de tuer des milliers d'habitants, d'en emprisonner des
centaines de milliers et d'ignorer superbement les recommandations et même les
condamnations du Conseil de Sécurité de l'ONU qu'il considère comme des chiffons
de papier.
Voir : 7 - Ils ont crucifié Marianne... Les nouveaux exploits de Tartuffe en Palestine, Pâques 2007
A partir
du XIIe siècle environ, le nouveau parti de zélotes bigots, bornés et ignorants,
ennemi des sciences profanes qui avaient rayonné du temps de l'Espagne arabe
avec Maïmonide et Ibn Gabriol, et qui n'avaient que le Talmud pour tout horizon intellectuel,
posa un lourd couvercle sur les cervelles et les enferma avec une férocité
incroyable dans l'espace ratatiné de ses ratiocinations.
|
On imagine l'effet des ratiocinations de certains des rabbins dont le Talmud a pieusement recueilli les élucubrations sexuelles, immorales et choquantes sur des cervelles uniquement gavées de cette nourriture-là.
Une des des victimes les plus célèbres de l'obscurantisme et de la tyrannie des talmudistes hollandais fut le philosophe Baruch Spinoza qui s'était permis de penser par lui-même.Voir dans 12 - Petite généalogie du ghetto appelé Israël, 29 juin2012 , le tableau d'un petit florilège de grossières absurdités .
En effet,
le 27 juillet 1656, le philosophe fut ostracisé et frappé de l'infamie et de la
malédiction du herem, autrement dit, d'une mort sociale et religieuse. Un fanatique juif
issu des fidèles de la grande synagogue d'Amsterdam, située sur le quai du
Houtgrach, a même tenté de l'assassiner. Blessé, heureusement superficiellement,
il a conservé durant de longues années son manteau troué par le poignard afin de
garder sous les yeux les preuves des méfaits de tous les fanatismes, y compris
et surtout de celui de ses co-religionnaires.
En
1948 David Grün, alias Ben Gourion a tenté de faire lever ce "herem", qui maudit
le philosophe, y compris post mortem, mais les rabbins de l'Israel actuel s'y opposèrent.
Le philosophe Baruch Spinoza demeure donc,
aujourd'hui encore, frappé de pestifération par les rabbins juifs
contemporains
Voir : - 5 - La théocratie ethnique dans le chaudron de l'histoire, 3 janvier 2011
|
L'afflux de centaines de milliers
de fidèles nés d'une conversion de masse de la population d'un gigantesque
territoire de l'Est européen et des marches de l'Asie, dont les ancêtres
n'avaient évidemment jamais mis les pieds au Moyen-Orient et qui vivaient sous
la poigne de fer de rabbins talmudistes métamorphosa définitivement le judaïsme.
Et c'est ce talmudisme-là qui finit par donner naissance au sionisme
contemporain.
J'aborderai plus longuement cette
question dans le prochain texte.
Notes:
[1] Jacques Attali : "Les juifs ont toutes les raisons d'être fiers de cette partie de
leur histoire", propos recueillis par Eric Conan
http://www.denistouret.fr/ideologues/index.html

Bibliographie
The function of
outsiders : http://weekly.ahram.org.eg/1999/435/op2.htm
The
kindness of strangers:
http://weekly.ahram.org.eg/1999/436/op2.htm
A chosen community, an
exceptional burden :
http://weekly.ahram.org.eg/1999/437/op5.htm
A people like any
other : http://weekly.ahram.org.eg/1999/438/op5.htm
Learning
about Zionism: http://weekly.ahram.org.eg/2000/476/eg6.htm
Mario
Liverani, La Bible et
l'invention de l'histoire, 2003, trad. Ed. Bayard
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18 septembre 2012
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